40 positions de palettes par jour. Tel est en moyenne le nombre de positions que réalisent les coursiers de K’livéo chaque jour grâce à un principe fondamental qui leur permet d’assurer leur rentabilité : la mutualisation.
Un mot sur la cyclologistique
La cyclologistique a connu un essor encourageant des suites de la crise du covid-19. De nombreuses villes ont contribué à cet essor en mettant en place des ZFE (zones à faibles émissions) qui limitent la circulation en centre-ville de certains véhicules thermiques. A cela s’ajoutent les contraintes d’embouteillage, les difficultés de stationnement et le stress global que la livraison en ville peut engendrer. Les transporteurs ont donc dû s’adapter et pallier à ces contraintes en trouvant un mode complémentaire pouvant opérer pour eux en milieu urbain.
Ces barrières se sont levées grâce à la cyclologistique : de nombreuses entreprises de coursiers se sont installées dans les villes, grandes comme moyennes, pour opérer plus simplement en centre-ville et aider à la réduction de la pollution atmosphérique.
Force est de constater que certains services n’ont pas réussi à trouver le bon équilibre pour perdurer, faute de transporteurs enclins à confier leurs flux, de matériel adéquat ou de moyens. Mettre en place un nouveau système représente des coûts supplémentaires mais en démocratisant ce mode de livraison, les coûts associés vont nécessairement baisser. Des initiatives sont d’ailleurs mises en place pour favoriser le recours à la cyclologistique.
“Le programme Colisactiv, porté par la SoFUB, permet, pour tous les colis livrés à vélo, de rétribuer une certaine somme d’argent qui est divisée en deux : 50% pour le donneur d’ordre pour l’encourager à nous choisir [choisir une société de livraison à vélo], 50% pour la société qui livre à proprement parlé les colis” confie Simon Bondu, responsable d’exploitation chez K’livéo.
K’livéo a réussi à sortir son épingle du jeu et à devenir rentable
K’livéo a été créée en octobre 2016 par Hélène Grellier, à Angers. Fondatrice d’une première société de logistique il y a une dizaine d’années, Logisseo, Hélène a pu constater les problématiques liées à la livraison des palettes et autres colis dans le centre-ville angevin : congestion, accessibilité très réduite à partir de 10h30, pollution sonore et atmosphérique pour ne citer qu’eux. Elle a donc fondé K’livéo pour tenter de proposer une alternative à cela.
Aujourd’hui, l’entreprise embauche 18 temps plein et 2 temps partiel. K’liveo reçoit chaque jour de nombreux colis et palettes qu’elle répartit en plusieurs tournées à travers le centre-ville angevin.
Professionnels et particuliers, les clients de K’livéo ont “banalisé” le fait que leur livreur arrive à vélo. Une “bonne nouvelle qui montre que ça se démocratise” souligne Simon.
L’entreprise a réussi à trouver son hub idéal après quelques tentatives, en s’installant en contrebas du centre-ville, aux MIN d’Angers, dans un entrepôt de 400m2 offrant 50m2 de bureaux et salle de repos pour l’équipe.
Collaborer avec plusieurs transporteurs : mutualisation
K’livéo a opté pour la mutualisation et travaille ainsi avec une dizaine de donneurs d’ordres lui permettant d’opérer tant sur du flux « palettes » que sur du flux « colis » limités à 30kg ou encore sur du flux « petits colis » boxables. Si ce n’est pour 3 d’entre eux, toute la marchandise leur est directement livrée aux MIN avant d’être réceptionnée, triée et livrée. Pour ne pas se fermer de portes, Hélène a également choisi de s’équiper d’un 22m3 pour aller chercher le fret directement chez les transporteurs ne pouvant pas réaliser la prestation d’acheminement.
Cette capacité des donneurs d’ordres à déposer ou non la marchandise dans un hub interurbain peut s’avérer être une limite au développement de la cyclologistique.
Schenker, Heppner, DPD, Chronopost, DHL et Paack Logistics confient leurs flux à K’livéo pour desservir Angers. L’entreprise travaille également en local avec Bouchara, pour qui elle livre les clients qui n’ont pas la possibilité de ramener leurs achats chez eux. Monceau Fleurs fait élégamment livrer ses bouquets à vélo tout comme les clients livraison du U express qui reçoivent leurs commandes avec K’livéo.
“L’idée, c’est d’aller voir un client avec toutes ses livraisons du jour quel que soit le transporteur ou bien le type de fret (palettes ou colis) pour tout lui livrer d’un coup et que le client ne soit ainsi dérangé qu’une seule fois”.
Gagner en efficacité en étant bien équipé
Afin de répondre au mieux à leurs besoins, l’équipe de K’livéo possède une dizaine de BicyLift qu’elle combine à des Nihola, leur permettant de charger tant l’avant que l’arrière du vélo. 300kg sont livrés à chaque départ. Le système de levage unique de la BicyLift, associé aux modules permet un “gain de temps incroyable” précise Simon. La fourche se glisse sous la palette et “en moins de 10 secondes, elle est chargée sur la remorque”, sans “efforts” et sans “CACES”. Il en va de même pour les conteneurs colis qui sont préparés en simultané, déplacés facilement et pleinement chargés au moment du départ.
La livraison de palettes représente ainsi en moyenne près de 3 tonnes livrées par jour en toute simplicité. Certaines palettes sont filmées et à destination d’un seul client, tandis que pour certains clients, il y a des colis volumineux que les coordinateurs de K’liveo mutualisent selon les adresses.
Une fois la palette déposée auprès de son destinataire, ou le colis déposé, la logistique inversée permet de rentabiliser à 20%/25% les trajets initialement prévus à vide. Cela permet de “revenir du centre-ville avec des collectes ou bien d’autres flux”. K’livéo travaille ainsi avec Cocycler, spécialiste de la collecte de biodéchets auprès des professionnels.
Les limites du développement de K’livéo
“Le foncier n’est plus un enjeu” mais il l’a été. “En 1 an, on a déménagé 5 fois”. Une problématique rencontrée par de nombreux acteurs logistiques et qui pousse les municipalités à revoir leurs PLU, à développer des hôtels logistiques et à réaffecter des parkings inutilisés (comme à Beaugrenelle à Paris). L’enjeu du foncier apporte de l’innovation avec les projets de micro-hub et de hub-mobiles.
Autre frein, l’acceptabilité de la mutualisation : certains transporteurs préfèrent être livrés sous leur nom, et non en mutualisant les flux.
Enfin, l’une des clefs de la réussite, étroitement liée à la notion de mutualisation, c’est l’intégration de toutes les livraisons sur une même interface informatique. Là aussi, cela peut être compliqué pour certains transporteurs d’abandonner le système de livraison auquel ils sont habitués. Cela permettrait à K’liveo, et tant d’autres, de pouvoir optimiser leur tournée sans se « soucier » du transporteur et simplifierait tout.
K’livéo est ainsi devenu un acteur angevin incontournable du centre-ville, capable de livrer tous types de flux secs, et en pleine expansion grâce à des partenariats potentiels en formation.
K'livéo : Acteur Incontournable de la Logistique à Angers